mardi 21 décembre 2010

Non, n’y allez surtout pas ! Là-bas, on vous enlève, on vous tue et on vous coupe en morceaux !

Bien sûr le titre est caricatural, mais c’est grosso modo ce que nous a dit au camarade Martín et à moi quand nous avons annoncé notre projet de voyage dans l’Etat de Chihuahua, Etat réputé comme le plus dangereux du Mexique. Toutefois, aucun enquiquinement sur le chemin, au contraire bien plus tranquille que Guadalajara, gens très sympathiques, curieux et fortement préoccupés par l’image que la presse leur renvoie, le secteur touristique en a d’ailleurs pas mal pâti…

L’avantage de se déplacer en bicyclette à El Fuerte, c’est qu’on a la route pour nous tout seul, et puis surtout ca permet de faire des rencontres surprenantes : Tout d’abord, Don Juan, le gardien du site archéologique du Cerro de la Mascarra. Haut de ses 85 balais, le viejito n’en manque pas une pour bavarder, passez une heure avec lui et vous serez tout de sa vie, de la demande à mariage à la famille de sa femme aux personnes qui ont foulé ce sol avant vous et qu’il fait soigneusement signer dans son livre d’or.
Certes, mais en vélo par 27°C vous mourrez de soif (oui je sais petits français enneigés c’est difficile à croire mais c’est dame bien vrai), c’est en effet un inconvénient, mais là aussi la soif rapproche les gens : On se prend à demander au responsable du barrage un peu d’eau, celui-ci vous offre deux bières bien fraîches. Bonhomme sympathique, on se rend tout de même vite compte qu’il en train de prendre sa cuite avec le policier du coin à 5 heures de l’après-midi. Nous y sommes évidement vivement convié mais le retour est long et nous déclinons l’invitation.

Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil et quelques courbatures au fessier, on se met à attendre le bus qui doit nous mener à la gare. Mais bon, comme vous le savez les bus au Mexique, c’est pas trop ça… Heureusement, un sympathique autochtone se propose de nous montrer l’arrêt et le bus. Va savoir s’il était complètement bigleux ou s’il avait la tension faible, toujours est-il qu’il ne nous l’a indiqué qu’une fois que celui-ci soit passé. Et nous voilà à trois (Martín, moi et Valentina, une italienne entamant le tour du Mexique rencontré à l’arrêt) à courir après le bus en empruntant différents raccourcis que les passants nous donnent. Entendant la conversion, un vieux couple nous interpelle et nous invite à monter dans sa voiture pour rattraper le bus. Imaginez-vous trois personnes essayant vainement de se caser sur la banquette arrière chacun avec son gros sac à dos de randonneur. Cinq ruelles plus loin, notre sauveur providentiel rattrapera finalement le bus qu’il arrêtera à grand coup de klaxons. Sauvés !

Une fois à la gare, on attend le train, ça peut paraître anodin mais la patience est la clé maitresse du Mexique, du même genre que le ahorita si vous voyez ce que je veux dire… (faudrait vraiment que je fasse un article sur la notion du temps au Mexique). Pour en revenir au train celui-ci arrivera avec 45 minutes de retard mais rien d’anormal on raconte qu’il n’a jamais réussi à arriver à l’heure prévu à Chihuahua, sa destination finale. On l’excusera rapidement tant la beauté des paysages qu’il traverse est époustouflante, on est ici en plein milieu du Cañon de Cobre (Canyon de Cuivre). Après les séances photos, les jeux de société et les discussions multi-linguistiques (oui oui ça existe, par exemple on vous parle en italien, vous répondez en espagnol et si vous vous comprenez pas vous passez par l'anglais et le français) on arrive à Creel, petite bourgade de 11 000 habitants où Jorge, couchsurfer aguerri nous héberge tous les trois.

Enfin, dernier jour de notre escapade on reprend la bicyclette et on repart pour un tour dans le cañon, avec des paysages toujours aussi beaux. Lors d’une halte et seuls dans la plaine, personne n’ose braver le silence sinon le vent et le train dans le lointain.


Don Juan et son livre d'or dont il est très fier





















 












Martín y Valentina







Les Raramuris, principale communauté indigène de la région





















1 commentaire:

  1. Tout ce soleil, c'est indécent. Ça devrait même pas être permis. (Envoyé depuis la purée de pois rennaise)

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