mardi 23 novembre 2010

Dialecte Mexicain

Après avoir brillamment entamé mon troisième mois de pérégrinations actives au Mexique, je pense pouvoir me risquer à un petit essai sur l’art de parler mexicain. D’autant que mes parents se seraient à présent mis avec entrain à l’apprentissage de la langue castillane (paraîtrait-il), une bonne raison donc de mettre tout le monde dans le bain.

Je vous passe le chapitre de l’accentuation, du parler-beauf (le naco au Mexique), tout exposer serait en effet trop long, mais ne vous en faites pas lecteurs passionnés et assidus (inch’allah), j’essayerai de vous en faire part dans mes prochains articles, aujourd’hui c’est l’art du vocabulaire qui s’expose à vous. Enfin aux professeurs d’espagnol qui rôderaient sur ce site, guettant impitoyablement la moindre erreur de ma part, je m’excuse d’avance de mon ignorance si jamais j’avais le malheur de commettre la confusion du vocabulaire mexicain alors qu’il existe réellement en castillan.

Les mexicains ont cette faculté à rajouter des petits détails un peu partout dans leur phrase sans qu’on s’en aperçoive réellement. Tout d’abord, le bien utilisé à tort et à travers un peu partout qu’on pourrait aisément remplacer par un muy : está bien lejos, es bien simpático ese wey (ne vous en faites pas je reviendrai sur le wey un peu plus tard).
A un certain moment, je me suis également aperçu que j’avais cette (fâcheuse) tendance à insérer un como dans chacune de mes phrases. Intrigué j’ai donc activement cherché le coupable qui influait sur ma façon de parler pour finalement me rendre compte que tout le monde l’utilisait…
Enfin, dernier détail, plus voyant celui-ci : le rajout quasi-systématique à chaque nom commun du préfixe –ito(a). Tenez, aujourd’hui encore je me suis fait surprendre par un invité qui m’a demandé un vasito de aguita ! Mais mon préféré reste tout de même le ahorita. En espagnol, ahora signifie maintenant. Mais ici, il prend une tournure totalement ambigüe et reflète on ne peut mieux la mentalité mexicaine du toujours en retard ou plus exactement du « on a toujours le temps ». Ainsi, ahorita signifie à la fois maintenant, tout de suite, tout à l’heure, dans 2/3 heures, peut-être demain voir dans deux jours, tout dépend de la personne et du contexte.

Pour ce qui est du vocabulaire, vous pouvez trouvez des mots qui peuvent tout et rien dire à la fois. Concentrons-nous sur trois mots.
Premièrement la onda, littéralement l’onde, est l’un des premiers mots qu’on vous adresse quand vous arrivez ¿Qué onda ? A ce moment précis, le système immunitaire de défense verbale dont vous êtes doté vous incitera à répondre Buena onda ¿y tú ? Pas de bol camarade, tu tombes à coté de la plaque. Cette question n’attend aucune réponse, il suffit d’y répondre par la même altercation. En revanche la buena onda, c’est histoire de dire s’il quelqu’un ou quelque chose te « tombe bien » (caerse bien en espagnol), si c’est cool quoi, à l’inverse de la mala onda. Après on peut trouver quelques petites expressions du genre Me saco de onda (je me déconcentre) mais bon pour le coup mieux vaut utiliser Se me van las cabras, plus drôle (littéralement J’ai les chèvres qui s’en vont).
Deuxio, je passe dans le langage un peu plus familier el pedo, littéralement le pet, incontournable. N’allez pas croire que lorsque quelqu’un vous adresse un Qué pedo il salue la performance expéditive de votre anus, mais il vous demande ce qu’il se passe, quel est le problème. De même le No hay pedo signifie qu’il n’y a pas de problèmes. Pour faire simple, traduisez par blème.
Enfin, maître du Mexique et impliquant une grande maîtrise, le verbe chingar. Inutile de me demander d’où il vient, je n’en ai pas la moindre idée. Un conseil, évitez de le répéter sans savoir dans quel contexte l’employer. Entre hay un chingón de gente (Il y a plein de monde), ¡hey chingón ! (hey mec !) chinga tu madre (je vous fais pas la traduction), a la chingada (qu’il aille de se faire foutre) … vous comprendrez que la confusion est facile.

Enfin, si jamais vous voulez interpellez quelqu’un dans la rue, selon la personne vous devrez employer un vocabulaire spécifique, dans la majorité des cas mieux vaut tutoyer la personne sauf si elle est vraiment beaucoup plus âgée que vous. Si vous êtes un peu âgé, et que vous vous adressez à un jeune, dites-lui joven ou chavo(a) (très utilisé au Mexique). Le passe partout, c’est le amigo, ca marche quasiment partout, le chauffeur de taxi, le passant, le serveur… Préférez toutefois primo (cousin) pour le vendeur de tacos. Enfin entre amis, on peut utilisé le wey (prononciez güey) mais là aussi attention, le wey ne peut pas être utilisé à toutes les sauces il ne connaît pas encore totalement l’égalité homme/femme gare aux ¡No me weyes !

Pour terminer voici un petit recueil de vocabulaire. Voilà pour toi l’ami, désolé pour la longueur mais j’espère que tu trouveras l’article bien chingón.

¡Andale! Exact ou vas-y donc

¿A poco ? Ah bon ?

Antro: boîte

Bronca : Problème,synonyme de pedo, je ne sais pas si c’est la raison, mais je me demande si le verlan ne s’exporte pas

La cruda : la guelle de bois

Chafa : Faux, mal fait

Chaparro : un petit (pour une personne). Dites chaparrito

Chavo(a) : Le gars

Chela : Une cervoise, bière

Chido : Cool

Chingadera : Saloperie, cochonerie

Fresa : Snob, Bourgeois

Gringo : L'américain par excellence, il parle anglais et se croit chez lui

Güero : Personne aux cheveux et aux yeux clairs, terme affectif pour parler d’un étranger beaucoup moins péjoratif que le gringo

¡No manches ! Arrête ton char

¡No mames ! Version plus vulgaire que le ¡No manches !

Naco : Le beauf par excellence

Padre : littéralement le père mais aussi utilisé pour dire cool, sympa. A l’inverse de madre qui a plutôt une connotation péjorative du genre ¡Me vale madre ! (rien à foutre) ¡A la madre ! (quelle merde)

una Peda : Une cuite

Pinche : foutu

Sabe : Contraction de quien sabe, (qui sait ?)

vendredi 5 novembre 2010

Michoacán épisode 3 : Pérégrination en terre indigène

Ne vous y trompez pas, j’ai bien trois semaines de retard sur mon blog, il arrive un moment tout va beaucoup trop vite et ou je n’arrive plus à suivre. Aussi, m’en voyez-vous désolé si je me consacre uniquement à mes expéditions et non à mon « rapport d’étonnement » des coutumes mexicaines qui m’avait été cher au départ. J’espère toutefois que vous vous retrouverez dans cette ultime pérégrination de mon premier week-end passé dans l’Etat du Michoacán (oui entre temps il y en a eu un autre je suis vraiment à la bourre). Aussi ne vous méprisez pas sur le terme indigène que j’utilise, il ne me vient pas d’une vision coloniale de la chose mais il m’apparaît simplement plus familier que le mot « amérindien » davantage utilisé sur le continent européen étant donné que je l’ai traduis de indígena par barbarisme.

En rentrant donc le samedi soir du festival du cinéma dans notre repaire hippy, Gisel, colocataire de Jésus, nous propose une excursion à un festival de danse indigène dans le fin fond de la région à deux heures de Morelia (rassurez-vous pour les mexicains qui ont un pays quatre fois plus grand que la France c’est rien du tout) pour le lendemain et ceci jusqu’au lundi. Malgré mes deux cours du lundi et une exposition que je dois présenter le mardi, je décide de me joindre au groupe, après tout, autant voir la vie comme une succession d’opportunités à saisir.

Nous voilà donc partis le dimanche après-midi après avoir préalablement regarder la projection de ¡Viva Zapata ! Direction Zacán. Pour y aller, on s’enfonce dans les routes obscures et sinueuses au milieu des montagnes et des volcans éteints. Une fois sur place, le choc culturel est saisissant : les vêtements colorés ont chacun une signification différente, le castillan a laissé sa place au Purepecha, langue parlée par les communautés indigènes du même nom.

De curieuses coutumes persistent dans cette zone reculée. Parmi elles, le « vol des fiancées ». Rien à voir avec le narcotrafic je vous rassure : Chaque dimanche se présente sur la place du village deux petits groupes de jeunes face à face, un de garçons et un autre de filles, tous d’environ entre 15 et 18 ans. Les garçons, fleur à la main, traversent la place pour l’offrir à la jeune demoiselle de leur choix. Si cette dernière accepte, ils deviennent officiellement novios tout en restant dans une relation très pudique. Seulement qui sait, il est bien possible que lors d’une belle nuit éclairée par la lune, le jeune homme décide de dérober sa compagne à la famille de cette dernière pour l’emmener dans son chez lui (notez qu’à cet âge le chez-soi en question n’est autre que la maison des parents).

Vous l’aurez donc compris, dépaysement total et expérience marquante au pays des couleurs. Je rentre finalement le lundi soir chez moi à 23h pour terminer mon exposition à 4h du matin, fatigué mais heureux.

Danse indigène du Michoacán



Marché artisanal

La vierge entourée de fleurs et l'église peinte sur bois (ci-dessous) montrent le métissage des cultures Purepecha et Espagnol


L'artisanat local

Maison traditionnelle